Des jeunes se prennent la tête

Des jeunes se prennent la tête. Ici, là-bas

Ce qui domine chez les adolescents et les jeunes adultes que nous rencontrons dans nos consultations est un sentiment de mal-être. Cette douleur d'exister est aussi l'expression du peu de soin qu'ils prennent de leur vie psychique, dont ils se méfient, « Ça leur prend la tête » ou « Ils pètent les plombs ».

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Ce qui domine chez les adolescents et les jeunes adultes que nous rencontrons dans nos consultations est un sentiment de mal-être. Cette douleur d'exister est aussi l'expression du peu de soin qu'ils prennent de leur vie psychique, dont ils se méfient, « Ça leur prend la tête » ou « Ils pètent les plombs ». En fait, cette vie psychique n'est pas investie comme instance de régulation des conflits. Soit ils s'abandonnent dans des positions de replis, soit, au contraire, la violence interne, inhérente au processus de maturation, est projetée massivement sur le dehors du socius ; alors que dans le même temps cet âge est particulièrement sensible à la détermination du social dans la constitution de la subjectivité. Pour certains, des crises singulières peuvent témoigner de l'irruption d'une potentialité psychotique dont les conditions de réversibilité seront interrogées. Pour d'autres, leurs façons d'être adolescents révèlent un des symptômes du malaise du monde contemporain. Une des hypothèses évoquées sera celle d'une pathologie du lien intersubjectif due à la mauvaise qualité des identifications secondaires intériorisées dans le Surmoi, et aux effets produits par l'entrecroisement, voire l'opposition, de différents idéaux culturels.  Par ailleurs, la fin de notre XXe siècle est en proie à une dérégulation généralisée, fille des différents conflits dont la caractéristique commune est l'attaque de la culture et des liens inter et intra-générationnels. Ici et là-bas, l'expression de la destructivité témoigne de l'attaque de l'altérité.

Dans ces conditions, nous sommes passés en quelques années d'une clinique « traditionnelle » des adolescents à une clinique qui se doit de prendre en compte cette souffrance psychique, expression d'un malaise dans la culture. Cela passe par des dispositifs de soins en réseaux qui entendent la demande comme pouvant être portée par un autre que l'adolescent lui-même. Cela suppose une prise de risque qui s'apparente à celle qui affronte des territoires familiers et étrangers, ceux de l'inquiétante étrangeté. Cela suppose aussi que la disponibilité thérapeutique soit accompagnée d'une attention citoyenne.

Francis Maqueda, psychologue clinicien, est psychothérapeute dans l'association Santé Mentale et Communautés, à Villeurbanne, depuis une trentaine d'années. Il co-anime une communauté thérapeutique pour des patients psychotiques et participe à un dispositif de liaison et de psychothérapie pour des personnes en crise. Par ailleurs, son activité thérapeutique principale reste dirigée vers les adolescents et jeunes adultes en difficultés psychologiques. Depuis 1990, il collabore à l'ONG Handicap International en favorisant et supervisant des dispositifs de soutien psychologique aux réfugiés en ex-Yougoslavie, au Kosovo-Albanie par exemple ; et en Afrique auprès d'enfants ex-soldats. Il est également chargé de l'enseignement en Psychologie de l'adolescent aux Facultés Catholiques de Lyon depuis une dizaine d'années et participe aux enseignements sur la pratique humanitaire dans le DESS de Psychologie clinique et celui d'Humanitaire et Solidarité à l'Université Lumière-Lyon II. Enfin, il co-anime un séminaire de DESS des Droits de l'Homme à l'Institut des Droits de l'Homme à Lyon.

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